Une expérience consentie?

La nouvelle avait fait le tour de labo. L'adam noir, le monstre, le cobaye s'étant évadé du complexe en décimant un bataillon de soldats ultra-formés était de retour au laboratoire. Il s'était fait avoir il y a deux jours et avait été installé dans cette pièce qui ressemblait étrangement à... Non, C'était une chambre d'asile! Un survêtement en mousse partout sur le sol comme sur les murs de façon à ce que le détenu ne puisse se blesser. C'était exactement ça. Sauf que là, le détenu était saucissonné tout en étant dans une camisole, les jambes attachées, les yeux cachés, et une muselière sur sa bouche en plus d'être bâillonné.

Il resta sans bouger à part les fois où on lui apportait la nourriture pour qu'il puisse manger. A ces moments là, il ne manquait pas de laisser sortir son aura en petite partie pour faire peur à celui ou celle qui lui apportait son repas.

Puis vint le jour d'aujourd'hui où Lucian entendit quelqu'un entrer dans sa cellule alors qu'il n'était pas l'heure du repas. On lui retira le cache-oeil, lui permettant de voir un homme plutôt baraqué qui le positionna sur un diable pour l'amener dans une sorte de salle médicale avec un fauteuil fait pour allonger le patient que ce soit pour de petits examens ou bien des chirurgies hautement risquées. Lucian ne broncha même pas à la vue de celui-ci.

L'homme positionna Lucian sur le fauteuil et lui retira la muselière et le bâillon. Il s'apprêta à sortir avant de lui dire:


Le docteur sera là dans quelques minutes. Si tu cligne, on t'abat, c'est clair? Bien... Sur ce... Bonne séance.


L'homme avait fini sa phrase avec un sourire sadique et moqueur. Lucian l'avait remarqué mais ça lui était égal. Il s'occuperait de lui plus tard de toute façon.

Alors qu'il attendait tranquillement dans le fauteuil, il vit arriver une jeune femme aux cheveux gris, à la poitrine correcte, une blouse scientifique dont on pouvait voir une nounours bleu comme ceux qu'on trouve parfois dans les hôpitaux pour les enfants sans oublier une pair de lunette. Il en déduisit qu'elle devait être la scientifique qui allait le prendre en charge. Elle s'avança vers lui avant de demander confirmation de son prénom et de son nom ce à quoi il répondit avec un accent allemand immonde :

Erreur je m'appelle Elmut! Et j'adore la choucroute!

Ne perdant pas son air idiot habituel, il se débarrassa de son accent allemand à deux balles pour s'adresser de façon plus intelligible à son interlocutrice:

Qui voulez-vous que je sois? Cette vérification routinière m'a toujours fait sourire durant les tests. Alors qu'est-ce que ce sera cette fois? Vous allez me jeter dans un bac de piranhas? Encore me jeter dans un bac plein d'insectes tels des mille-pattes, scolopendre ou encore des blattes?

Lucian ne plaisantait pas. Et malgré son expression qui pouvait donner à se tromper, ça se sentait. Il restait là, à fixer la demoiselle qui lui posait ces questions et serait bientôt amené à se faire son opinion sur elle.

Au fait mademoiselle, vous vous appelez comment? Cette conversations est inégale, je suis le seul à ne pas connaître votre nom.

Lucian la fixa intensément tout d'un coup. Retenant un petit sourire. Alors comme ça, elle faisait partie du peu de personnes suffisamment stupides pour avoir une conscience et travailler ici? Yushiko Tanaka qu'elle disait? Presque intéressant!

Ah d'accord, vous avez été envoyée parcequ'ils ont fini par faire une estimation de ma psychologie! Vous devez actuellement être le membre du personnel qui a le plus de chances de sortir vivant d'une rencontre avec moi. Je vous le dis, c'est très probablement pour ça que vous avez  été choisie. Vous n'êtes pas comme les autres sadiques qui peuplent ce centre et qui essayent de me briser depuis des années. Ou bien, vous n'êtes qu'un instrument de plus utilisé pour me faire lâcher. Puis-je t'appeler Yushiko?
Laisse-moi te dire une chose Yushiko. Les personnes aussi bonnes que ce que tu m'as laissé voir ne font pas long feu ici. Je me rappelle d'une docteur qui était toujours gentille avec moi. C'était ma mère. Elle tentait tant qu'elle pouvait de consoler ma peine tout en sachant que j'étais déjà parti. Finalement, un jour, j'ai vu des chiens dévorer son cadavre sous mes yeux. Je ne connais pas ton histoire ou les raisons pour lesquelles tu es ici, mais un conseil, pars tant que tu le peux.

Tout du long il était resté à parler avec ce sourire idiot qui pouvait être si effrayant quand on écoutait ce qu'il racontait. Le fait était qu'il attendait aussi d'en savoir plus sur elle, afin de savoir si oui ou non, il pouvait la considérer comme une "gentille" ou bien comme une "méchante".

Ainsi donc, sa raison à elle de rester n'était autre que sa famille! Ses parents étaient morts mais restait sa sœur... Voilà qui était très intéressant pour Lucian. Car cela lui permit d'échafauder une sorte de plan. Celui-ci consistait à l'aider à s'échapper, elle et sa sœur du complexe en échange d'informations sur un certain membre du corps de recherche. Un certain Oscar Winterson. Cet homme était un chercheur sans le moindre complexe, vouant tout à sa passion qui n'était autre que ses recherches. De ce que savait Lucian, elles portaient sur l'immortalité. Il a tenté de se servir de sa propre femme pour cobaye et ça n'a pas bien tourné. Du coup, il a fourni un outil en plus pour l'expérience visant à briser son propre fils qui, de par sa rage de vivre sans être blessé, en tuant avant d'être tué, était inutile pour ses expériences.
Revenant à l'instant présent après s'être remémoré cela, Lucian se pencha légèrement, faisant signe à la chercheuse de se pencher pour l'écouter. Puis, d'une voix à peine audible, il lui chuchota:


Si vous savez où est votre sœur, je peux m'occuper de vous faire évader d'ici. Cependant je vous préviens, il me faudra quelque chose en échange. Je voudrais que vous alliez chercher le dossier sur Oscar Winterson. Il est chercheur dans ce laboratoire. Si vous pouviez m'amener ce dossier, cela me rendrait grand service. Je vous promet de vous aider à sortir toutes les deux saines et sauves d'ici si vous le faites.